Marzac : un château aux enchères !
Resté pendant six siècles, le fief d’une des plus anciennes familles du Périgord, puis destiné à être transformé en club house de golf de luxe, Marzac termine aux enchères au Tribunal de Bergerac sans trouver de repreneur.
Marzac est pourtant un château emblématique de la vallée de la Vézère.
Accroché à des falaises majestueuses sorties de l’origine du monde, flottant au-dessus des nuages les jours de brouillard, avec sa terrasse, son donjon et ses tours rondes coiffées de hennins,
Marzac est l’archétype du « château de Contes de fées ».
Pendant près de 6 siècles, il est resté sagement dans le giron de la même puissante famille, transmis par le jeu des alliances : des Rouffignac aux Carbonnier de Marzac jusqu’aux Fleurieu.
Conséquences des bouleversements économiques et sociaux des deux guerres du 20 ème siècle, Pierre de Fleurieu est le dernier maillon de cette chaine ininterrompue depuis le 14 ème siècle, après s'être battu comme un lion pour faire évoluer sa terre ancestrale et l'adapter aux bouleversements économiques et sociaux du 20 ème siècle, il se résigne à jeter l’éponge en 1962.
Pierre de Fleurieu, sorti troisième de Saint-Cyr, sous-lieutenant au 28e dragons en 1915. Il aura encore l’occasion d’illustrer son courage pendant la Seconde Guerre mondiale, en fondant un maquis de résistance en Dordogne sous le pseudonyme « Capitaine Vézère ». Il termine sa carrière de soldat en recevant l’insigne de commandeur de la Légion d’honneur. Il meurt à Paris le 6 octobre 1977 et est enterré à Tursac en Périgord.
En 1987, Marzac est acheté par une famille danoise. Celle-ci est représentée par une société britannique qui pour valoriser le domaine a contracté une importante créance auprès d'une banque luxembourgeoise.
Suite à des difficultés financières, la banque met aux enchères le domaine. Personne ne s'étant porté acquéreur, l’établissement bancaire luxembourgeois devient propriétaire du domaine.
C’est ainsi qu’en juin 2019, Catherine et Jacques Guyot deviennent les nouveaux propriétaires du château de Marzac situé à Tursac, en Périgord Noir, à un trait de flèche de Lascaux et de Sarlat.
La Salle à Manger restaurée après 6 mois de travaux.
Le cloître de Marzac.
Marzac : lieu de mémoire
du peintre Foujita
En 1913, le jeune Foujita arrive en France. Il a fait le voyage en bateau en compagnie du Comte Alphonse de Fleurieu. Explorateur et géographe, cet aristocrate périgourdin est aussi un protecteur des arts. Il invite Foujita à Marzac et le présente à sa famille.
Lorsque la première guerre mondiale éclate, Foujita se retrouve coupé des siens et du Japon. Sans ressources, le jeune peintre accepte l’hospitalité de la famille Fleurieu. Accompagné de son ami Kawashima,*autre artiste japonais, Foujita séjournera de mai 1915 à Juin 1916 au château de Marzac.
* future égérie de la marque mondiale de cosmétique SHISHEIDO
Avec la découverte récente des éléments de ce long séjour de Foujita en pleine guerre de 1914, il reste à approfondir et à remettre en lumière le rôle bienveillant de la famille Fleurieu dans l'éclosion du destin de ce peintre franco-japonais à la renommée mondiale.
Au cours de son séjour au pays de l'Homme, Foujita découvrira aux Eyzies, le choc du "trait" de l'art pariétal. Notamment lors de la visite des grottes de Combarelles en compagnie du Pape de la Préhistoire, l'abbé Breuil.
Foujita laissera de nombreuses aquarelles (encore jamais exposées) des intérieurs et des extérieurs de Marzac et notamment de son cloitre. On découvre aussi son sens de l'humour à travers des caricatures des membres de la famille Fleurieu, mais aussi des dessins intimistes de la vie quotidienne du royaume enchanté de Marzac comme les baignades dans la Vézère ou la découverte du Fort de Reignac.
Après la guerre, Foujita deviendra le maitre incontesté de l’Ecole de Paris, ami des plus grands, Picasso, Braque, Soutine et bien sûr Modigliani. Toute sa vie, il a montré dans son oeuvre sa sensibilité à la nature et son intérêt pour les fleurs, en particulier pour la rose.